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Où Allons-Nous ?

  • : DE ALAGADLU ll-fl@wanadoo.fr
  • : CY N'ENTREZ PAS,HYPOCRITES,BIGOTZ,VIEUX MATAGOTZ,MARMITEUX BOURSOUFLÉS, ,TORCOULX,BADAUX,PLUS QUE N'ESTOIENT LES GOTZ,NY OSTROGOTZ PRECURSEURS DES MAGOTZ: HAIRES, CAGOTZ,CAFARS EMPANTOUFLÉS, GUEUX MITOUFLÉS,FRAPPARTS ESCORNIFLÉS,BEFFLÉS,ENFLÉS,FAGOTEURS DE TABUS; TIREZ AILLEURS POUR VENDRE VOS ABUS.
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LIBERTE -EGALITE-FRATERNITE =?




Il y a ceux qui croient,
ceux qui ne croient pas,
ceux qui doutent,
ceux qui s’en foutent.

Homme

Libre

toujours

tu chériras la mer

...



"CY N'ENTREZ PAS, HYPOCRITES, BIGOTZ, VIEUX  MATAGOTZ, MARMITEUX BOURSOUFLÉS, TORCOULX, BADAUX, PLUS QUE N'ESTOIENT LES GOTZ, NY OSTROGOTZ PRECURSEURS DES MAGOTZ : HAIRES, CAGOTZ, CAFARS EMPANTOUFLÉS, GUEUX MITOUFLÉS, FRAPPARTS ESCORNIFLÉS, BEFFLÉS, ENFLÉS, FAGOTEURS DE TABUS ; TIREZ AILLEURS POUR VENDRE VOS ABUS. "



« Gloire- a ceux qui 
ont forgé silencieusement mais efficacement le fier levain qui, demain ou après-demain au
plus tard, fera germer le grain fécond du ciment victorieux, au sein duquel sera ficelée, entre les deux mamelles de l'harmonie universelle, la prestigieuse clé de voûte 
qui ouvrira a deux battants la porte cochère d'un avenir meilleur sur le péristyle d'un monde nouveau. »

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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 18:28

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le Puisatier

 

Les hommes sont des rustres, ils errent sur la terre sans magie, aveugles aux rayonnements des papillons, des fleurs, des gouttes d’eau de pluie.

Ils ne voient pas au travers des choses l’essentiel. Ils ne sont que des porteurs de graines.

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Si tu n’as pas grimpé au Saint Pilon, de là-haut, embrasser la Provence.

Si ton cœur ne s’est pas égratigné aux sources de l’Huveaune derrière Nans.

Si tu ne sais rien du thym, des abeilles, du vent.

Alors, tu passeras à côté de ta source sans la voir, toute ta vie tu chercheras sans savoir ce que tu cherches, comme le fada que les villageois cruels ont gorgé de pastis.

Tu ne t’apercevras même pas que les cigales se moquent de toi, que les champignons se cachent quand ils t’aperçoivent, que les sentiers que tu suis dans la garrigue retournent sur leurs pas pour te faire bisquer.

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Être puisatier, c’est une fierté.

Il faut le pouvoir, le vouloir.

Certes, le travail est pénible, dangereux, mais les joies qu’on y trouve sont fortes.

Tout commence par chercher, trouver un lieu porteur d’espoir d’eau.

Ce n’est pas évident, pourtant, la Sainte Baume n’est qu’un grand réservoir.

Les sources sont pleines de malices. Elles ont l’art de bien se cacher, elles n’aiment pas être dénudées, mais, quand elle se donne, c’est pour toujours.

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Depuis plus de huit ans, ce puisatier avait renoncé à chercher de l’eau au fond de ses puits.

Un éboulement avait eu raison de ses jambes.

Prisonnier sous la terre il aurait du mourir enterré vivant.

Les Parques avaient di non.

Il traînait, le cœur séché, désabusé, vivait honteux de la peur qui le tenaillait.

Il n’avait pas creusé de grande quantité de puis, mais ils étaient tous beaux et solides. Il se souvenait de chacun d’eux et en était fier.

Bien sûr, il ne contredisait pas ceux qui lui prêtaient d’avoir fait tout les puis de la région, cela quelque part, flattait sa vanité.

Il s’était consolé dans sa lâcheté en se persuadant qu’il était trop abîmé et vieux pour risquer encore une fois d’approcher l’impossible.

Tranquillement, il terminait sa petite vie, sans rêve, sans futur, sans folie.  Il toupinait, comme ces ânes qui ont tant tourné toutes leurs vies au moulin, qu’ils continuent à la retraite, font des ronds dans le pré.

L’espérance l’avait quitté.

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Mais un jour, la vie lui fit un pied de nez. Au décours d’une visite qu’il faisait à un de ses vieux puits à l’orée d’un bois, il découvrit une source magique. Elle chantait sous la terre, seule la végétation trahissait sa présence. Son chant était si beau que le vieux puisatier se sentit rajeunir.

C’est comme si ses jambes se détordaient, que son dos se redressait, ses doigts se dégourdissaient.

Source secrète, cachée,sourno, qui te fera chanter plus fort ?

Il ne pouvait pas mettre en avant ni ses muscles ni ses rares cheveux pour séduire la source sauvage, (et) depuis longtemps Satan ne proposait plus de contrats.

Mais il avait un trésor qui pouvait tout. Il le gardait précieusement à l’abri de toutes les convoitises.

Il gardait son secret, il s’y accrochait, c’était son Graal, sa Fidèle.

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C’était un vrai secret. De celui que l’on ne peut que murmurer à l’oreille de celle qu’on aime, l’un dans l’autre.

Sinon, les foyers dans les maisons s’éteindraient, les pierres des chemins éclateraient, les ancolies faneraient.

Il vérifia fébrilement dans les vastes poches de sa blouse qu’il n’avait pas perdu sa clef, il la serra sur son coeur. En Provence, l’eau est tellement précieuse que les puits ont leurs portillons cadenassés, comme si l’eau pouvait être volée.

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Où creuser ? Là, près du pin ? Où là, derrière cette grosse pierre blanche ?

La colline déroule ses courbes, la source secrète camoufle ses appâts.

J’entends son rire étouffé, elle se moque de moi.

Elle dit : « attrape - moi, grand nigaud ! »

Après de longues recherches, des hésitations sans fin, la certitude trompeuse vous désigne l’emplacement miraculeux,  la porte sacrée qui conduira vers elle.

Elle était là, en contre bas d’une petite falaise ocre, cachée dans les jeunets, protégée par les caoucides, les argéras brûlants des chapacans, des boumians, des indiscrets.

Un coin que même les sangliers du Défend, amateurs de rabasses, ne connaissaient pas.

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Il en faudra de la peine, de la patience, du temps pour l’apprivoiser.

Centimètre par centimètre, jour après jour sans désespère.

Sans se dire : « a quoi bon »

Charrier tous les remblais, étayer son travail pour ne pas être enterré d’éboulis, creuser droit, entretenir les outils.

Le soir, assis en face des falaises, on risque de sombrer dans le contentement de soi, la vanité du travail bien fait, la fatuité du philosophe.

Celui qui creuse sans amour ne trouvera jamais la source.

Elle n’est pas sensible à l’or des flatteries talentueuses, ni aux fards culturels.

L’autre danger qui guette le puisatier est sournois.

Plus son travail progresse, plus il a l’impression de s’éloigne de la lumière.

Quant il se repose, perdu, assis au fond de son travail, il lève la tête et n’aperçois qu’un rond de ciel. Ses mains ne touchent que la rude paroi de la roche, ici, il n’y a que des promesses de récolte,de fleurs, d’Amour. Ici, on n’entend ni le vent, ni les oiseaux, ni les arbres.

On n’a même pas froid, nous sommes pareil aux morts, si près d'eux, que parfois, dans le silence on peut les entendre nous aimer, nous conseiller.

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Alors, le puisatier se demande pourquoi il agit ainsi.

Il pourrait être un tranquille spectateur de la vie.

Il pourrait boire l’eau des autres sans se casser la tête.

Il pourrait attendre, bien au chaud, que le mistral ne souffle plus et que les glacières  dégèlent.

Qu'est-ce qui pousse le puisatier à s’écorcher les mains, à se tasser le dos pour trouver quelque chose d’hypothétique et d’imaginaire que tout le monde peut acheter à super U en bouteille plastique d’un litre et demi ?

Qu’aura-t-elle son eau de plus qu’H2 O ? Sont-ce les ammonites fossilisées, le chant des compagnons du devoir, les larmes de Marie Madeleine qui rendront sa source magique ?

Une inquiétude l’assaillit : « et si je n’arrive pas à grimper sur la margelle ? » Il faut dire qu’il n’était pas de la première jeunesse, mais.

L’inquiétude montait : « et si je n’arrive pas à tirer l’eau du puis ? »

Il voyait déjà les yeux rieurs de la source se plisser « Capon dé bon Déou,  « et si j’y tombe dans mon puis , que j’y reste de bonheur, que j’oublie là même qui je suis ! »

La douceur de la nuit naissante le fit sourire,.  La peur s’éloigna comme elle était venue, par le courbe.

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La contemplation des étoiles l’absorba un moment.

Toute son expérience de la vie l’avait quitté. Il se sentait comme un jeune moine puceau, un enfant.

--- « Ce n’est pas facile ; avec « des gants d’argile», aujourd’hui, de vous parler mes FF , de vous dire qui je suis, qui on est. »

 Il craignait de faire craquer toutes les blessures mal cicatrisées de son coeur.

Dans la colline un arbre gémit, la lune gorgée d’eau somnolait, tout semblait attendre.

Il vérifia de nouveau dans ses vastes poches, elle était là, sa clef, rassurante , vivante, elle attendait sa serrure.

Malgré le froid il était parti dans les rêves sur la route qui mène à la grotte, là-haut.

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 Le givre pénétrait le puisatier.

Il se fraya un chemin de par les genévriers et les buis.

Seules crépitaient encore quelques rares étoiles frileuses, trois nuages perdus déchiraient l’horizon, l’hiver tendait la main sur nous tous.

Alors, le puisatier regarda son cœur rapiécé, ses pieds usés de chemin parcouru, ses mains qui avaient cru saisir la terre entière.

Il sourit, les tendit pour posséder ce rêve, cette source sauvage qui s’offrait a lui. Il ne trouvait pas les mots, la musique, pour dépeindre son nouveau regard sur l’existence.

Il s’inquiétait, assit contre l’oratoire.

Et si son inspiration le quittait ? S’il devenait stupide comme ces guêpes qui obstinément cherchent à passer à travers les vitres ? Que ferait-il au fond de son puis sec, sombre, devenu le tombeau des regrets ?

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Pourquoi fallait-il qu’il se tourmente ainsi ?

Il y a des portes que l’on franchit rarement dans sa vie. Il avait assez vécu pour le savoir. Ces instants miraculeux sont fugitifs. Ils éclairent nos yeux aveugles. Ils jalonnent notre course comme autant de phares qui de leurs fanaux clignotants ponctuent les vides sombres du temps.

Le Mistral s’était réveillé, frottait le calcaire tâché de chênes kermes; associé au froid, il poignardait les oliviers silencieux qui s’étaient regroupés en troupeau .

Des restanques dévalaient des nuages de feuilles que les arbres apeurés sacrifiaient au  maître vent.

Le puisatier était malade.

Mistral pouvait crier, Hiver fouetter, Olivier geler.

Il mettra sa pèlerine.

 Il devait tout réapprendre, il avait tout oublié.

Qu’importe les griffes du genévrier, les piqûres du houx , ses tâtonnements d’infinis respects .

La montagne à gravir ne lui faisait plus peur,

"Je n’ai que mes chaînes, mes cicatrices, mes croûtes à offrir.

Des bouquets de fantômes, des colliers de regrets, des bagues de deuils !" marmonnait-il.

Il est des cicatrices qui n'en sont point mes F.F., ceux qui grattent leurs croûtes le font dans le seul but d'aller mendier sur le parvis des temples.

Fallait-il que la source soit profonde pour accepter de tels présents .

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Fallait-il que le puisatier soit aveugle pour ne rien voir !

Non, non ! ce n’était pas une chimère qui obsédait cet homme, ce n’était pas son reflet dans l’eau, ni la conquête du soleil, mais simplement, miraculeusement, la passion de la  source.

Elle était pour lui devenue plus vitale que l’air, plus indispensable que le pain. Il comprenait le désespoir d’Ugolin.

Le pauvre puisatier ne pouvait plus faire de philosophie, il était dévoré, brûlé par ses sentiments, dépassé par son corps.

Alors, il pouvait en raconter des histoires, puisqu’il ne pouvait pas aller lui cueillir des fleurs, il pouvait faire jaillir des sentiers d’étoiles, des pins enchantés, des roches blanches, des Saintes Baumes vibrantes…

Il ne pouvait lui offrir que de l’impalpable, des caresses de caresses.

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 Il reprit sa pioche et sa pelle, avec cœur, il attaqua la roche bien dure, il savait qu’elle était là , qu’elle l’attendait.

Il savait qu’un jour, au détour d’un sentier, il trébucherait dans un ravin aride, que sa casquette irait rouler dans les éboulis de l’Huveaune à sec.

Il s’apitoyait sur lui. Il sait qu'elle l'attend dans sa colline imaginaire où tout est beau et pur comme dans regain.

 

Heureusement qu’il peut raconter tout ça aux grillons ses amis et F.F., qui sont, comme chacun le sait, très discrets.  Malgré tout, le puisatier avait de la pudeur.

 

 

j'ai dit    F.L.

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