Les croque-morts m’on dit qu’il n’y avait plus assez de
place dans le caveau familial. Petit à petit les anciens l’avaient rempli .
Mon père l’avait fait construire pour le sien. Le marbrier avait
affirmé que la croix était comprise dans le prix.
C’était sans compter sur l’anticléricalisme génétique de ma
famille, mon père négocia à la place du symbole chrétien un banc.
Voilà pourquoi, encore aujourd'hui, de vieilles dames se reposent
sur notre tombe familiale qui est le seul endroit décent où l’on peut s’asseoir au cimetière d’Aubagne.
Comme j’étais le plus jeune, que j’avais pris en charge
l’enterrement de ma mère, j’ai dû assister à la « réduction de corps » .
Les pies jacassaient, le préposé à cette tache s’activait. Je ne me
souviens que du vacarme des pies comme si on m’avait lavé le
cerveau. A un moment, l’homme, debout, tenant le fémur de mon
père me dit avec beaucoup de gentillesse : "votre papa m’a opéré
de l’appendicite quand j’étais petit, il m’a offert un album de
vaillant le lendemain"
J’ai pu constater que le pantalon en tergal de mon Père n’avait
pas bronché.
Avant d’être opéré ma mère m’a donné sa bague puis m'a dit :
" J’ai peur d’avoir froid au cimetière "
Secrètement, j’espère que non.